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Serbie 2003: « Construction médiatique du conflit Yougoslave » / « Regards croisés : les Balkans et le monde du dessin »

Contexte général dans lequel le projet a vu le jour

Premier projet de « Plumes Croisées », la collaboration de Corax et Patrick Chappatte pris place au lendemain de l’écroulement étatique de la Yougoslavie suite aux tensions grandissantes entre les différentes républiques fédérées (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie, Macédoine, ainsi que le Kosovo) à la mort de Tito en 1980. Cette déliquescence de la République donna lieu à une série de guerres fratricides qui se déroulèrent durant près de 10 ans.

En 1989, alors qu’une montée grandissante des nationalismes se fait ressentir en Ex-Yougoslavie, Slobodan Milošević arrive au pouvoir en République de Serbie. Fortement nationaliste, il se fait notamment le porte-parole de la minorité serbe au Kosovo qui se sent réprimée par la majorité Albanaise et devient ainsi le héraut de la « grande Serbie ». Il s’oppose fermement à toutes velléités indépendantistes des différents Etats composants la nouvelle république Yougoslave, créée suite à la chute de l’URSS et de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. Il est tout particulièrement réfractaire à une indépendance de la Slovénie et de la Croatie, pourtant votée par les citoyens de ces deux républiques en 1990, et poussant ces dernières à déclarer leur indépendance de manière unilatérale. Les échauffourées de plus en plus régulières sur le territoire de Croatie et de Slovénie ainsi que l’intervention de l’armée fédérale, à majorité serbe et monténégrine et sous le contrôle de Milošević, précipite la guerre.

Entre 1991 et 2001, une série de guerres se succédèrent en impliquant les six républiques formant l’ex-République fédérative socialiste de Yougoslavie. En 1991, des conflits éclatèrent entre la Serbie, soutenue par l’armée fédérale, et la Slovénie, puis la Croatie. En 1992, c’est au tour de la Bosnie-Herzégovine de faire sécession et de suivre l’exemple donné par ces deux républiques-sœurs. Cette indépendance donna lieu à de violents affrontements sur son territoire qui se soldèrent, suite notamment au génocide de Srebrenica, par l’intervention de l’OTAN. L’intervention de cette dernière et les pourparlers qui la suivirent mirent fin en décembre 1995 avec la signature des accords de Dayton à la guerre de Bosnie-Herzégovine, la guerre de Croatie s’étant officiellement terminée en novembre 1995 et la guerre de Slovénie en juillet 1991.

Mais les tensions non résolues entre les différentes communautés de l’ex-république donnèrent lieu encore à l’avènement d’une guerre en 1999 dans la province du Kosovo. D’une durée de 2 mois et demie, cette guerre se solda par l’intervention de la communauté internationale et le placement sous l’administration de l’organisation des Nations Unies du Kosovo.

Le Kosovo a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008 et est depuis soutenue dans sa transition vers un état de droit par l’EULEX Kosovo mise en place par l’Union européenne.

Situation actuelle des droits de l’homme

Situation actuelle des droits de l’homme

En 2013, les conséquences de l’écroulement de la république yougoslave se font toujours sentir en Serbie. Des solutions durables afin de permettre à la population de gérer son douloureux passé n’ont pas encore été trouvés. Ainsi, et pour ne mentionner que quelques exemples du difficile héritage de la guerre, 37 condamnations pour crimes de guerre ont été prononcé en 2012 et plusieurs actes d’accusations sont encore pendant.

Parallèlement à cela, la situation des droits de l’homme en Serbie reste problématique à certains égards. Plusieurs minorités, et notamment les Roms ou encore les LGBTI (lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées) sont discriminés et victimes de violations de leurs droits fondamentaux. Pour les Rom, cette discrimination s’exprime, entre autres, par leur éviction forcée de leurs lieux d’établissement par les autorités. Certains deviennent sans-abris, quant à d’autres, ils se voient placés dans des ghettos les mettant en marge de la société.

La situation des LGBTI est elle aussi préoccupante. En effet, la Serbie est le théâtre d’attaques homophobes régulières et l’interdiction est faite au LGBTI d’organiser la Belgrade Pride depuis 2011.

Finalement, la situation des réfugiés et migrants est également problématique eu égard aux droits de l’homme. En effet, et cela touche encore une fois particulièrement la population Rom, les contrôles aux frontières sont drastiques et empêchent beaucoup d’individus de quitter le pays. A l’opposé, les demandeurs d’asile se voient systématiquement refuser l’accès au pays après une procédure ne tenant pas compte des besoins de protection de certains en vertu du droit international. Il est reconnu que les conditions de vie durant la procédure de décision, tout en sachant que celle-ci n’aboutit jamais à une acceptation sur le territoire de Serbie, ne sont pas suffisantes afin de satisfaire aux besoins minimaux des individus.

Objectifs du projet

L’objectif de ce qui devait devenir la première édition de « Plumes Croisées » était de notamment de dénoncer le comportement de la communauté internationale ainsi le parcours politique et le comportement de Slobodan Milošević durant ces sombres années de conflits.

Apportant tour à tour un regard interne et externe de la situation sur place, l’exposition ainsi que l’album qui résulta de la collaboration des deux artistes permettent, sous couvert de l’humour, d’appréhender le véritable drame humain que furent ces guerres successives entre les peuples des Balkans.

Kosovo

Il n’est pas possible de parler de la situation des droits de l’homme en Serbie sans parler de la situation au Kosovo. En effet, le statut international de ce dernier est encore discuté et ne bénéficie pas une reconnaissance unanime.

Les tensions existantes entre Albanais et Serbes du Kosovo sont la source de nombreuses violences et affrontement de petite ampleur et font chaque année plusieurs blessés. On déplore au moins un mort depuis la déclaration d’indépendance du Kosovo. L’utilisation excessive de la force par les autorités kosovares est régulière. De plus, les nombreux cas de serbes ayant été transférés de force pas l’armée de libération du Kosovo en Albanie où certains auraient été torturés ou assassinés et dont les organes vitaux auraient été vendus à des fins de trafique sont toujours en cours d’investigation et rendent difficile l’apaisement des consciences.

Les attaques à l’encontre des journalistes sont régulières et restreignent leur liberté d’expression.

Finalement, les problèmes liées au rapatriement des kosovars d’origine serbe, albanaise ou rom est profondément problématique, l’Etat étant, dans un premier temps incapable de soutenir la réintégration de ceux-ci et dans un deuxième temps en raison de la discrimination dont sont l’objet les serbes à leur retour dans leur pays.

Les Rom sont, comme c’est le cas en Serbie, victimes d’une discrimination accrue de la part des autorités kosovares.

Volet en Suisse

Le volet en Suisse de l’édition libanaise s’est quant à lui dérouler dans un contexte tout à fait exceptionnel puisque, pour la première fois, celui-ci eu lieu dans le cadre du festival Morges-sous-Rire.

Les dessins ayant été produits lors de l’atelier de février furent exposés au Salon du dessin de presse et leurs auteurs invités par le DFAE en Suisse afin de participer à la manifestation ainsi qu’à d’autres évènements en Suisse.

Produit final d’où sont tirées les illustrations

Les images concernant le Liban sont tirées de la série de cartes postales ayant été créée dans le cadre de cette 3ème édition de « Plumes croisées ».

Créé sous la forme d’un coffret de 24 cartes postales, le résultat de cette édition de « Plumes croisées » fut vendu tout d’abord lors de l’exposition à Beyrouth et ensuite dans différentes librairies de la ville.