En 2003, la Serbie sort de douze années de guerres meurtrières qui ont démantelé l’ex-Yougoslavie communiste. Son leader déchu, Slobodan Milosevic, a été livré au Tribunal pénal international. Mise en accusation pour sa responsabilité particulière lors des conflits de Croatie, de Bosnie et du Kosovo, la Serbie se réveille du cauchemar nationaliste. Elle entrevoit un nouvel avenir dans l’espace européen, mais le regard sur son passé récent reste difficile.
L’ambassade de Suisse de Belgrade eût alors cette initiative audacieuse : organiser une exposition de dessins de presse sur les guerres de Yougoslavie. Là où les mots blessent et divisent, elle voulut tenter un échange de regards dessinés. Et ainsi inviter, sans en avoir l’air, à un examen de l’histoire récente.
Organisée dans une galerie au centre de Belgrade, l’exposition réunissant Corax, maître des dessinateurs serbes, opposant à Milosevic, et Patrick Chappatte, dessinateur suisse travaillant pour la presse internationale, attira 1000 visiteurs par jour. Une table ronde organisée sur place fut l’occasion d’échanges édifiants et forts.
Cette idée simple, le recours au dessin comme outil d’échange dans un contexte de conflit, deviendra la fondation de tous les projets «Plumes croisées».